Delhi (2)

Publié le par Katy

Avec Delhi, c’est la fin de l’Inde « carte postale » du Rajasthan. Au niveau de la circulation, de la pollution et du bruit, c’est Jaipur (la ville la « pire » qu’on ait visité) puissance 100 ! Delhi est une ville oppressante, où chaque pas est un combat et la chaleur écrasante (et encore, ce n’est rien comparé à ce qu’ils doivent subir lors de la saison chaude) rend vraiment pénibles tous les déplacements. 

On n’a pas beaucoup visité Delhi, se contentant de marcher dans le quartier de nos hôtels (Pahar Ganj), d’arpenter la Connaught Place et d’aller admirer la Grande Mosquée dans « Old Delhi ». Mais ces 3 quartiers nous ont déjà donné un bon aperçu de la diversité de cette ville gigantesque :

PAHAR GANJ
Pahar Ganj ne nous a pas beaucoup dépaysés. Ca pourrait ressembler à un quartier de Jaipur ou Jodhpur par exemple. Des hôtels/restaurants, des échoppes, des petites gargotes, des charrettes, des vaches, des motos, des indiens…

CONNAUGHT PLACE
Connaught Place par contre, quel choc ! On découvre une Inde qu’on n’avait pas du tout vue, une Inde moderne, celle dont on entend parler depuis quelques années et qui se développe principalement dans le sud du pays et les grands villes (Bombay-Mumbai, Calcutta-Kolkata, Delhi…). En gros, Connaught Place c’est une sorte de Champs-Elysées organisés en cercles concentriques autour du jardin central (constitué de quelques carrés de pelouse, n’allez pas imaginer une végétation luxuriante avec des arbres et des fleurs) et sans les bandes de jeunes de banlieue qu’on peut voir à Paris. Connaught Place c’est :

- Des magasins pour riches avec toutes les grandes marques occidentales (Bose, Sony, Nike, Adidas, Reebok, Levi’s…) et les vendeurs de saris, de bijoux et de vaisselle haut de gamme.

- Des restos chics (bon, pour un européen, ça reste pas cher) pour les jeunes indiens branchés ou les businessmen (d’ailleurs, un des restos accepte les Tickets Restaurant, en français dans le texte)

- Des vendeurs de gadgets, de snacks/boissons et de livres sur les trottoirs, profitant du très grand trafic piétonnier de la place

- Des mendiants, dont certains ont la « tactique » la plus choquante qu’on ait vu en 4 semaines qui consiste à exposer à côté d’une femme un petit bébé (fille) allongé de tout son long complètement nu (endormi, inconscient, drogué, déjà mort, va savoir…) sur le sol pour apitoyer le passant. Ca fout la rage de ne rien pouvoir faire, surtout quand on connaît le système organisé qui « gère » la mendicité dans les villes indiennes, cf. article L’équilibre du monde du 24/02/07 ou un autre très bon livre, Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire)…

- La station de métro centrale où se croisent les 3 lignes de la ville. Le métro, c’est ce qu’on a préféré à Delhi. D’abord, il est très pratique – en tout cas pour les touristes – car il dessert les principaux quartiers « intéressants », et c’est le moyen de transport le plus économique (de 6 à 9 roupies pour les stations du centre selon la distance parcourue). Ca évite de se faire arnaquer par des rickshaws peu scrupuleux (l’un d’entre eux nous demandera 150 roupies pour un trajet de 700 mètres ! résultat, et même si on se trimbale nos gros sacs, on fera le trajet à pied sans même chercher à négocier avec lui ou l’un de ses copains). C’est hyper-sécurisé : portique et fouille des sacs systématique à l’entrée et vidéosurveillance. Notre vieux ticket de métro paraît complètement dépassé à côté des « tokens » magnétisés (ndlr pour les parisiens : ça fonctionne comme les pass Navigo) qu’on achète à l’unité ou en formule d’abonnement. En plus de tout cela, ce métro ferait pâlir d’envie n’importe quel parisien : moderne, propre, et surtout climatisé (dans les stations et dans les rames qui sont de vrais frigos) ! Bon après, le « problème » c’est qu’il y a des indiens dedans et qu’aux heures de pointe, il faut jouer des coudes (au sens propre) pour sortir de la rame, en affrontant le flot compact des voyageurs qui se pressent pour entrer (sans attendre que les autres soient descendus, ce qui pourtant libérerait de la place dans le wagon mais la logique indienne ne fonctionne pas comme ça – cf. l’article sur la file d’attente à Agra du 14/08/07…).

- Et enfin : des bureaux avec des femmes qui travaillent dedans ! un vrai boulot, avec des collègues masculins, des ordinateurs à écran plat et tout, dingue ! Après le Rajasthan où les femmes sont presque exclusivement cantonnées à la maison, aux champs, aux étals des marchés ou aux pénibles travaux de voirie (emplois créés par le gouvernement pour essayer d’assurer à de nombreux laissés-pour-compte un nombre minimum d’heures de travail rémunérées dans l’année), je peux vous dire que ça fait plaisir de voir ça… Aux alentours de Connaught Place, on voit des femmes habillées à l’occidentale (pantalon/jean et chemisier ou t-shirt, parfois assez moulant) et à l’indienne, surtout en salwar kameez (tunique longue+pantalon+foulard, mais plus soignés que ceux qu’on avait vus en province) et peu en sari. Dans le Rajasthan, les proportions devaient être de 80% de saris, 20% de salwar kameez et 0% de vêtements occidentaux pour les filles âgées de plus de 8 ans.

Et pas une seule vache sacrée dans tout ça…


OLD DELHI

A côté de cette parcelle d’Inde moderne, vous avez le quartier à majorité musulmane d’Old Delhi, à 2 stations de métro seulement de l’héritage anglais de Connaught Place. Sitôt sortis du métro, on se rend compte que les Anglais n’ont pas dû poser un seul pied dans le coin pendant toute la durée de la colonisation… Les rues sont étroites et dire qu’elles sont engorgées est encore en dessous de la réalité. La rue est tellement bouchée qu’on va plus vite à pied donc on croise sur les trottoirs un nombre incalculable de livreurs-wallas portant sur leur tête des chargements en tout genre (des piles de « ramettes » de papier kraft de 2x2 mètres, des ballots volumineux de plusieurs kilos, etc). Heureusement, on peut marcher sur le trottoir, sous les arcades qui abritent les échoppes. Mais là aussi c’est du sport : entre les nombreux piétons, les livreurs et le niveau inégal du sol, ça demande une attention de chaque instant, pas question de flâner le nez en l’air (dont le niveau de pollution ferait exploser les instruments de mesure d’Airparif). Tout ça par une température d’environ 38° (qui doit bien dépasser les 40° par endroits vu le nombre de personnes au mètre carré)…


C’est à Old Delhi aussi que nous verrons nos premières « boucheries » : des étals à l’air libre (poussiéreux et pollué faut-il le rappeler) avec des chèvres en morceaux (une tête par-ci, une patte par-là), des poulets morts ou vivants et des mouches en veux-tu en voilà. Pas de chance, ces étals sont sur le chemin qui nous mène au resto que nous avions repéré sur les conseils du Routard (The Fish Point)… On ne se laisse pas démonter par ces visions peu ragoûtantes ni par l’aspect – au premier abord un peu douteux – de ladite gargote (heureusement la salle du 1er étage nous rassure). Bien nous en a pris car nous y mangeons un excellent poulet frit. Nous allons ensuite visiter la Jama Masjid (la Grande Mosquée) située juste en face. Nous entrons par une porte latérale et ne payons donc pas les 150 roupies pour l’appareil photo (on n’était même pas au courant, on s’en est rendu compte en sortant par l’entrée principale). La Jama Masjid, comme son nom l’indique, c’est grand. Voilà, rien à dire de plus. On ne retrouve pas dans les mosquées indiennes le faste de leurs homologues « méditerranéennes » (Tunisie, Turquie, etc) ou les prouesses architecturales des monuments moghols (musulmans aussi). Si vous y allez, pas la peine de monter sur le minaret sud, ça sera toujours 50 roupies d’économisées (en effet, le tarif a augmenté car le Routard annonçait 20 roupies seulement). Après avoir gravi les nombreuses marches d’un minuscule escalier en colimaçon complètement dans le noir où on doit se plaquer contre le mur quand on croise quelqu’un, la vue est certes belle. Toutefois, comme on doit garder les yeux baissés vers le sol pour surveiller où on met les pieds sous peine de tomber dans l’escalier ou d’écraser un des 15 indiens qui squattent (certains sont même assis, tranquilles…) sur la plateforme d’1m² (60 cm² si on tient compte du trou de l’escalier), on n’en profite pas du tout. Au passage, des gamins essaieront de vous extorquer quelques roupies pour garder vos chaussures, ne vous laissez pas faire et gardez-les dans le sac ou à la main.

 

Conclusion des quelques jours passés à Delhi :

1- C’est une ville oppressante, polluée et bruyante mais c’était une étape intéressante que je ne regrette pas car elle nous a permis de voir un autre visage de l’Inde, différent de ce qu’on a observé au Rajasthan, à Agra ou à Varanasi. Et même si je ne suis pas féministe, une ville comme Delhi rassure un peu quant à l’avenir des femmes en Inde. Il y a encore du boulot mais ça progresse… Manoj, le fils de notre hôtesse à Jodhpur, nous expliquait qu’en Inde du sud la situation était différente et qu’on pouvait déjà voir un certain nombre de femmes dans les banques, les magasins, les stations essence, et même chauffeuses de rickshaws, et que le gouvernement du Rajasthan essayait apparemment d’encourager l’éducation des filles en payant leurs études pour rattraper le retard. Mais les résultats de cette politique ne sont pas encore visibles et tant que les mentalités ne changeront pas, ça ne devrait pas beaucoup bouger…

2- Si votre budget vous le permet, n’hésitez pas à dépenser pour une ou deux nuits quelques roupies de plus pour un bon hôtel de confiance (pour 700 roupies, soit environ 12-13 €, on avait une super chambre double dans le quartier central de Pahar Ganj, ce qui permet ensuite de se déplacer à pied et en métro et d’économiser sur les rickshaws-voleurs-wallas exerçant à Delhi). La ville est tellement épuisante que ça fait du bien d’avoir un endroit agréable où se reposer et dormir tranquille la nuit.
 

Katy

Publié dans Inde 2007

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